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Channel: Le cinéma de Papillote - parfois-je-travaille
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Le fast food, l'empire du mal

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super-size-me.jpgLa première fois que j’ai mis les pieds dans un fast food, c’était à 10 ans, lors d’un voyage scolaire au château de Versailles. Ma famille a ri Potter jaune: mes profs critiquaient souvent cette nourriture, qui fait grossir les gamins et les « pervertit avec une culture de masse », mais ça ne les a pas empêché d’y emmener leurs élèves…

Le fast food reste un mauvais souvenir. Comme toujours dans ces endroits, il y avait un monde fou, il fallait prendre sa commande très rapidement. Or je n’avais jamais mangé de hamburger et ne connaissait pas le principe des menus (frites ou pas ? quelles tailles ? quelle sauce ? quelle boisson ?) J’étais complètement larguée, la serveuse s’impatientait, mes camarades, tous habitués des lieux, se moquaient de moi, j’avais l’impression d’être une extra-terrestre. J’ai finalement pris le même menu qu’une copine.
Comme je n’étais pas habituée à manger des oignons crus (horreur absolue pour l’haleine), du ketchup (abomination culinaire) et des trucs lourds et gras, j’ai été malade toute la nuit…

Presque 20 ans après, mémé Papillote n’a toujours pas évolué.
Avec le gosse que je garde, on arrive dans le restau. Il est bondé, occupé principalement par des enfants et leurs parents (on est mercredi)
Je n’ai même pas le temps de regarder les différents menus qu’une serveuse me saute dessus, directement dans la file :
Serveuse : -Qu’est ce que vous voulez ?
Moi : - Euh… (m’adressant au gamin) : tu veux quoi ?
Gamin : -Des nuggets
Moi : - Hein ? Des neuguettes ? Qu’est ce que c’est que ce truc ?
La serveuse soupire.
Moi : - Bon, alors mettez moi des neuguettes et puis euh… et là, comme depuis 20 ans, je choisis au hasard le premier menu.
 Serveuse : -Maxi ?
Moi : - Hein ?
Serveuse : - Menu maxi ?
Tu te crois dans Super size me ? Tu veux me faire prendre 12 kilos et du cholestérol comme le réalisateur qui a bouffé du macdo pendant un mois ?
Moi : -Non non… normal, ça suffira. »

On se fait servir, puis on cherche une table. Elles sont toutes prises, on doit attendre qu’un groupe d’ados en libère une, en laissant de grosses traces de ketchup.
Moi : - Bah… c’est sale… On a même pas de serviettes pour essuyer en plus !
Gamin : - Non, fallait se servir à l’étage
Je regarde nos voisins de table, qui ont tous pris des tonnes de serviettes, l’équivalent d’un paquet de 40 au moins. Vive l’écologie.
Je vais demander une serviette aux voisins.
J’essaie de boire, je me rends compte qu’il n’y a pas de paille non plus (et là, je ne vais pas utiliser celle du voisin quand même)

Je veux me laver les mains avant de manger. Les toilettes sont fermées, il faut un code pour pouvoir y entrer !
Non seulement c’est dégueulasse de manger sans se laver les mains au préalable, mais en plus le principe du fast food, c’est qu’on mange avec les doigts ! On s’en met de partout, dès qu’on mord dans le hamburger, la sauce dégouline, les minuscules bouts de salade se font la malle (et je ne veux pas louper le peu de légumes qui se trouve dans ces sandwiches !)

Objectivement, le hamburger est plutôt bon. C’est mou, c’est rond, il paraît qu’il est réconfortant parce qu’il rappelle le sein de la mère (moi je m’en fous, j’ai été nourri au biberon)
Le problème, c’est que le hamburger est excessivement gras et lourd à digérer (500 calories en moyenne, l’équivalent d’un repas). Si l’on prend le menu complet avec un dessert, on dépasse les valeurs énergétiques recommandées pour la journée (1800 calories).
Surtout, paradoxalement, cette nourriture grasse ne nourrit pas. Deux heures après, j’ai systématiquement faim. De plus, j’essaie en grignotant du chocolat de couvrir l’odeur ignoble et persistante de l’oignon et de la sauce ciboulette, qui fait mourir d’asphyxie toutes les personnes croisées pendant les six heures suivantes.

Il règne un brouhaha phénoménal dans le restau bondé, les gens mangent vite, s’agitent, l’ambiance est vraiment stressante.
L’angoisse monte d’un cran quand le gosse observe le gamin voisin :
Gosse : - Pourquoi j’ai pas la boule avec le bonhomme dedans ?
Moi : - Qu’est ce que tu me chantes ?
Je me tourne vers les tables voisines, et je vois tous les gamins jouer avec des boules en plastoc. J’avais oublié, ils ont le droit à un menu spécial avec un jouet dedans !
Pendant que le morveux chouine (Ouin ! Pourquoi j’ai pas la boule avec le bonhomme dedans !!), j’essaie de faire diversion :
Moi : - Ah mais regarde, on a des étiquettes pour le monopoly ! Tu peux gagner des jeux bien mieux que ta boule de plastoc avec ton bonhomme dedans !
Ma technique marche à merveille (sont trop faciles à manipuler ces gosses) et le gamin arrête de couiner. Le silence ne dure que quelques secondes.
Gamin : - Je veux les étiquettes de monopoly ! j’en veux plein !!!! Je veux gagner la console trucmuche !!!!
Au même moment, les voisins partent en laissant leur plateau sur place.
Moi : - Tiens! Ils ont laissé leur gobelet avec les étiquettes dessus ! Ça t’en fais plein, t’es content ?
Gamin : - Je veux toutes les étiquettes ! Je veux que tu les récupères toutes !
Moi : - Ca va pas non ! Je vais pas faire les poubelles non plus ! »

Voilà comment votre serviteur s’est retrouvé à manipuler les clients du restau pour récupérer les étiquettes, comme dans la pub qui passait à la télé.
En même temps, les ados attardés et solitaires sont très faciles à convaincre. Je devais être la première fille à leur parler depuis des lustres, et en me donnant leurs étiquettes, ils ont dû espérer avoir un ticket to ride avec moi. Avouer à l’un d’eux que malgré les apparences j’avais dix ans de plus que lui et faire croire que le gosse était le mien a calmé ses ardeurs. Puis j’avais l’excuse du « je peux pas, j’ai piscine », puisque je devais emmener le gosse à son cours de natation. (J’ai failli m’endormir dans le bus, mais le gamin survolté me secouait à tous les arrêts pour me crier dans les oreilles : « On est arrivé ? C’est là ? !)

Je vous dis, le babysitting, c’est plus fait pour les mémés comme moi. Vivement la retraite (faudrait déjà travailler avant d’être à la retraite)

Et vous, que pensez-vous du fast food ?


Les nominations aux Oscars 2012

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nominations oscars 2012, cinéma, télé, the artist, jean dujardinCe soir, dans la série "documentaires qui donnent envie de se réfugier dans une grotte", Arte diffuse Prêt à jeter, sur l’obsolescence programmée, j’en ai déjà parlé ici.

En deuxième partie de soirée, France 2 diffuse Albums d’Auschwitz de William Karel, (auteur du Monde selon Bush et de nombreux documentaires de la regrettée émission « les brûlures de l’Histoire » j’A-DO-RAIS la musique du générique, très triste -cliquez sur le lien-).

A minuit, la chaîne présente Après les camps, la vie que j’ai déjà vu. Le document s’attarde sur un aspect méconnu des camps de concentration : les nombreux films consacrés au sujet se limitent à la description des camps et s’arrêtent à la Libération, mais que sont devenus ensuite les survivants, comment ont-ils été perçus à leur retour, comment se sont-ils réadaptés à « la vie normale de tous les jours ? »

Si vous l’avez raté la semaine dernière, M6 rediffuse à 23 h en version multilingue Lord of war.
Une soirée joyeuse en perspective.

On connaît depuis aujourd’hui la liste des Oscars. Encore cocorico, The artist est nommé dix fois ! Comme pour les Golden Globe, il se trouve dans les catégories les plus prestigieuses : Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure actrice dans un second rôle et meilleur scénario original. La cérémonie des oscars se déroulera le 26 février, mémé insomniaque la suivra peut-être en direct comme l’année dernière (voir lien).

Meilleur film :
The Artist de  Michel Hazanavicius
The Descendants d' Alexander Payne
La Couleur des sentiments de Tate Taylor
Le stratège de Bennett Miller
Cheval de guerre de Steven Spielberg
The Tree of life de Terrence Malick
Minuit à Paris de Woody Allen
Extrêmement fort et incroyablement près de Stephen Daldry
Hugo Cabret de Martin Scorsese

Meilleur réalisateur :
Michel Hazanavicius pour The Artist
 Martin Scorsese pour Hugo Cabret
Alexander Payne pour The descendants
Woody Allen pour Minuit à Paris
Terrence Malick pour The tree of life

Meilleur acteur :
Brad Pitt pour Le stratège
Gary Oldman pour La Taupe
George Clooney pour The Descendants
Jean Dujardin pour The Artist
 Demian Bechir pour A better life

Et Michael Fassbender♥♥♥ ?! George Clooney a déjà remporté le Golden Globe, et souvent les gagnants sont les mêmes. Soyons faussement chauvins comme Le petit journal ce soir : Jean Dujardin au moins, il joue avec un chien devenu superstar, alors que Clooney était copain comme cochon avec un cochon justement, Max, son animal de compagnie. Jean Of the garden, what else ?

Meilleure actrice :
Meryl Streep pour La Dame de Fer
Michelle Williams pour My Week With Marilyn
Viola Davis pour La Couleur des sentiments
Glenn Close pour Albert Nobbs
Rooney Mara pour Millenium

Je penche pour la dernière. Les Oscar adorent récompenser les acteurs qui se transforment physiquement pour un rôle (Nicole Kidman, Hilary Swank, Charlize Theron…)

Meilleur second rôle féminin :
Bérénice Bejo pour The Artist
Jessica Chastain pour La Couleur des sentiments
Melissa Mccarthy pour Mes Meilleures amies
Octavia Spencer pour La Couleur des sentiments
Janet McTeer pour Albert Nobbs

Euh… L’actrice Française n’a pas le premier rôle féminin en fait ?!

Meilleur second rôle masculin :
Christopher Plummer pour Beginners
Jonah Hill pour Le Stratège
Kenneth Branagh pour My Week With Marilyn
Nick Nolte pour Warrior
Max Von Sidow pour Extrêmement fort et incroyablement près

Meilleur film d'animation :
Rango de Gore Verbinski
Une vie de chat d'Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli
Chico et Rita de Fernando Trueba et Javier Mariscal
Kung Fu Panda 2 de Jennifer Yuh
Le chat potté de Chris Miller

Deux chats qui se battent ! Je soutiens le film français, bonne surprise, pas nunuche, avec même des aspects tristes. J’ai apprécié sa vision idéalisée et poétique des toits de Paris.

Meilleur Scénario original :
The Artist de Michel Hazanavicius
Mes Meilleures amis de Annie Mumolo, Kristen Wiig
Minuit à Paris de Woody Allen
Margin Call de JC Chandor
Une séparation de Asghar Farhadi

Meilleur Scénario adapté :
The Descendants d'Alexander Payne, Nat Faxon, Jim Rash
La Taupe de Bridget O'Connor, Peter Straughan
Hugo Cabret de John Logan
Le stratège de Steve Zaillant et Aaron Sorkin
Les marches du pouvoir de George Clooney et Grant Heslov

A noter que Clooney concourt à la fois pour The descendants, où il est acteur, et Les marches du pouvoir, où il est réalisateur scénariste.

Meilleur film en langue étrangère :
Bullhead de Michael R. Roskam (Belgique)
Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau (Canada)
Une Séparation d'Asghar Farhadi (Iran)
Footnote de Joseph Cedar (Israël)

Meilleure musique originale :
Ludovic Bource pour The Artist
John Williams pour Tintin et les secret de la Licorne
Howard Shore pour Hugo cabret
Alberto Iglesias pour La taupe
John Williams pour Cheval de Guerre

John Williams s’affronte lui-même. Pas mal.

Meilleure chanson originale :
Man or Muppet  (Les Muppets)
Real in Rio (Rio)

Deux seulement ?!

Meilleur son :
Drive
Millenium
Hugo Cabret
Transformers 3
Cheval de Guerre
The artist

Non, je déconne pour le dernier…

Meilleurs effets spéciaux :
Harry Potter 7 - partie 2
Hugo Cabret
Real Steel
La planète des singes origines
Transformers 3

Meilleurs costumes :
Anonymous
The Artist
Hugo Cabret
Jane Eyre
W.E

Meilleur documentaire :
Hell and back again
If a tree falls
Paradise Lost 3 : purgatory
Pina
Undefeated

Meilleur montage :
The Artist
The descendants
Millenium
Hugo Cabret
Le stratège

Meilleur maquillage :
Albert Nobbs
Harry Potter et les Reliques de la Mort 2
La dame de fer

Meilleure technique cinématographique :
Guillaume Schiffman pour The Artist
Jeff Cronenweth pour Millenium
Robert Richardson pour Hugo Cabret
Emmanuel Lubezki pour The Tree of Life
Janusz Kaminski pour Cheval de Guerre

Meilleure direction artistique :
The Artist
Harry Potter et les Reliques de la Mort - Partie 2
Hugo Cabret
Cheval de Guerre

Meilleur mixage :
Millenium
Hugo Cabret
Le stratège
Transformers 3
Cheval de Guerre

Et vous, vos pronostics ?


Vous remarquez, plus j’écris que je n’ai pas le temps ou le courage d’écrire, plus je publie. Je devrais travailler plus souvent. (En fait j’ai tellement l’impression de perdre mon temps et mon cerveau la journée au boulot que je tente de les récupérer le soir, en faisant le plus d’activités plaisantes possibles).

Merci patron, quel plaisir de travailler pour vous

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Merci patron.PNGOn est heureux comme des fous!

Dans mon boulot inintéressant, je dois enregistrer à la chaîne des données, et le nom des gens auxquels elles sont rattachées.
Dans l’open space (m’a tuer), le bruit des ordinateurs est parfois interrompu par quelques soupirs de collègues désespérés, comptant les minutes passer.

Très vite, ma maladie incurable se manifeste.
Atteinte au plus haut degré, je ne m’en rends pas compte immédiatement. Je ne comprends pas d’où proviennent les symptômes, pourquoi ils persistent au fil des heures.
Les signes empirent les jours suivants, toujours sans m’en apercevoir. Cette fois, ils sont visibles pour mes collègues. Ou plutôt audibles.

Mes compagnons de misère commencent à me jeter des regards fugaces et étonnés. Une fille pouffe.
Et je saisis enfin. Me savoir victime de la maladie ne me donne pas envie de la combattre. Je le répète : je suis trop atteinte pour lutter.
Il vaut mieux parler ouvertement de ses problèmes. Alors, comme aux alcooliques anonymes, je fais mon mea culpa. Ma collègue m’explique que ce n’est pas une tare, au contraire.
Me voyant encouragée, je ne cherche plus à cacher ma maladie, je la laisse se développer, au plus grand plaisir de ma collègue compréhensive et bon public.

Tout a commencé par une pensée persistante, obsédante : « oh, fini, fini pour moi ».
Ce boulot me déprime t-il tant ? Ou alors j’espère simplement la fin de la journée ?
Les symptômes se poursuivent par : « Moi j’attendais la récré pour aller au café boire un chocolat »
Oui ça doit être ça, j’ai besoin d’une pause dans ce travail répétitif.
« Je voudrais partir avec vous tout au bout du ciel, sur vos ailes »
La récré est vraiment nécessaire, je ne vais pas bien.
« De vague à l’âme en terrain vague, tu divagues ! »
Oui, je divague complètement. Mais que m’arrive-t-il ?

Je laisse s’échapper des sons bizarres, incompréhensibles. Des marmonnements, des plaintes, des murmures de souffrance ? Le volume est de plus en plus audible, mon voisin me regarde bizarrement. Je comprends, j’en parle, ma collègue m’encourage.
Ma chansonnite aigue atteint son apogée. Tous ces prénoms inscrits sur ces dossiers me rappellent des mélodies, qui me restent en tête et que je sifflote pendant des heures. Une maladie incurable, mais pas bien grave. « Ca vaut mieux que d’attraper la scarlatine, ça vaut mieux que d’avaler de la mort aux rats. » Ma collègue se prend au jeu et tente de deviner les airs que je fredonne :

 « Dis-moi, Céline, les années ont passé, pourquoi n’as-tu jamais songé à te marier ? »
« La place rouge était vide, devant moi marchait Nathalie ! Elle avait des cheveux blonds mon guide, Nathalie !! »
 « Céciiiiiiiileuh, ma filleuuuuh »
 « C’était bien, chez Laurette, quand on faisait la fête, elle venait vers nous, Laurette ! »
« Oui, Jérôme, c’est moi, non je n’ai pas changé, je suis, toujours, celui qui t’a aimé ! »
« Mais Nicolas, il veut pas qu’on l’embête, tout ce qu’il a dans la tête, c’est qu’il veut rentrer chez lui… J’veux pas rester ici » (en cette période électorale, une chanson que j’ai chaque jour en mémoire en lisant les magazines ou en regardant le Petit journal… Je l’apprécie beaucoup, parce que je la chante à mon neveu quand il séjourne chez sa grand-mère pendant les vacances scolaires)

Ma collègue tente de me poser des colles :
« Je te donne des noms et tu dois chercher des chansons !
- « Chercher le garçon ? Trouver son nom ? »
-Mais j’ai pas encore commencé !
- « Je cherchais des prénoms : « Matthieu, Cécile ? » en regardant courir vers 10 heures, dans l’école des filles et des garçons »
-Tu me fais trop rire !
-« Rire et… chan-sons !!! »
- T’es vraiment dingue !
- Je suis MA LA DEUHHHHH, complètement MA LA DEUHHHHHHH ! »

-« Tiens Papillote, tu as une chanson avec le prénom Eric ?
-Tes états d’âme, sont pour moi Eric, comme les Etats d’Amérique ! Je les visite un par un Eric, dans leur ordre alphabétique ! »
- Lucile ?
« Partout, au soleil, sous la pluie, quand ils voient s’avancer les grands yeux de Lucile, partout les garçons se bousculent et la rue un instant prend un air de folie ! »
- Sarah ?
-Princesse ! Princesse ! Tu es bien jolie !!!
-Ah là tu vas pas trouver ! Gilbert ! Pas un prénom pour une chanson ça !
- Gigi ! O Gigi, personne ne sait d’où tu viens, tu nous crées un monde angélique, où tout devient féerique…
-Oh ! Tu triches ! Puis tu ne vas pas nous sortir que des chansons de dessins animés !
-A-rri-va… Gigi l’amoroso !
Un collègue nous interrompt :
-Oh c’est fini Dalida !
-Laissez-moi chanter ! Laissez-moi… Laissez-moi danser, chanter en liberté… »

Je ne sais pas si ça a un lien, mais quelques jours plus tard le chef m’a changé de bureau. A la place de mon fan club, je me retrouve avec un vieux type aussi sympa qu’une porte de prison. Ce n’est pas avec lui que je vais développer mon répertoire radio nostalgie. Mais aujourd’hui, mes vieux démons ont repris le dessus et je n’ai pas pu m’empêcher de fredonner…

Je conclurai par :
« Ris-en si tu veux, il faudra bien y croire !
C’est comme dans un vieux rock n’roll
J’ai dans la tête un transistor qui fredonne
Comme dans un très vieux rock n’roll
Serre la main d’un fou, que rien ne raisonne ! »

Quiz On connaît la chanson : quelles sont toutes les chansons citées et leurs interprètes ? N’oubliez pas de trouver les prénoms cachés dans  le 4ème paragraphe, débutant avec « oh, fini, fini pour moi ». Il y a 20 chansons en tout (+ celle du titre)…


A vous de jouer ! Réponses bientôt

Le retour du printemps et de la chansonnite

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Versailles.jpgBonjour, bonjour monsieur printemps,
Par la grande route des nuages
Avez-vous fait un beau voyage
Et qu’apportez-vous si content ?
Je vous apporte le printemps, mes enfants
A répondu monsieur printemps !

Je la sors chaque année, mais si quelqu’un peut retrouver la version de Bob et Bobette des années 60…

C’est le printemps ! J’annonce officiellement la fin de mon hibernation.
J’exagère : en fait depuis six mois je vais me promener tous les soirs sans exception en sortant du boulot. Même cet hiver lorsqu’il faisait « -10 degrés, mais -25 en températures ressenties ». Dans les parcs, je ne rencontrais absolument personne, à part les canards sur les étangs gelés. Mais depuis que la boule jaune est revenue dans le ciel (comment la nomme t-on déjà ? si longtemps que je ne l’avais pas vue, je ne m’en souviens plus) les jardins sont de nouveaux envahis par les mômes braillards (pléonasme)  et les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics en se foutant pas mal de mes regards obliques. J’étais pourtant bien tranquille cet hiver avec le canard Saturnin et le héron Petit patapon.
Toutefois le calme est revenu samedi, car je ne sais pas si vous avez vécu la même chose dans votre région, mais ici il a fait un grand ciel bleu toute la semaine (enfin, le ciel n’est jamais vraiment bleu à Paris, mais pâle) et il a plu le week-end. Chaque fois c’est pareil, c’est quand on est derrière les carreaux, quand on travaille que le ciel est beau.

Comme je suis très sensible à la lumière, le retour de la boule jaune dans le ciel me rend guillerette. Je n’ai même plus envie d’étrangler mon collègue avec le fil du téléphone, lorsqu’il appelle successivement sa copine/ sa mère/ son frère/ son colocataire/ son banquier (il est constamment à découvert) puis sa copine/ sa mère/ son frère/ son colocataire pour leur raconter ce que vient de lui dire le banquier (son record à la suite sur le téléphone du bureau : 3h35). Quand il raccroche enfin, il envoie des sms (personnellement je n’en n’ai envoyé aucun depuis 15 jours car mon téléphone portable pourri ne fonctionne plus pour la 38ème fois, et j’en ai reçu un seul : Pôle emploi qui me signalait que j’avais oublié de déclarer mes heures de travail mensuelles et que je risquais d’être radiée).

Le retour du soleil  provoque aussi des effets indésirables. Ma maladie incurable, la chansonnite aigue, atteint des sommets. Je sifflote sans cesse Le printemps de Vivaldi. Je vous rappelle que je soupçonne mon chef de m’avoir sortie de l’open space pour m’isoler 3 étages au-dessus avec ce collègue haï, afin de ne plus m’entendre fredonner toute la journée. Je crois qu’aujourd’hui, je peux partir définitivement en exil :
Je faisais réchauffer de l’eau dans le réfectoire. Plutôt que d’attendre bêtement que les minutes s’écoulent, je profite habituellement de ce temps pour faire des étirements. Parfois, alors que la salle est supposée vide à cette heure-ci, je me fais surprendre les bras en l’air, soufflant et rouge d’effort, ou la paume des mains touchant le sol. Les gens me regardent bizarrement, mais ils essaient de comprendre : « ah, vous avez mal au dos ? ».
Mais cet après-midi, j’ai atteint un stade que personne ne pouvait imaginer. Une employée m’a surprise, un bras en l’air, un bras en bas, en pleine chorégraphie, en train de chanter « elle a les, yeux, bleus, Belinda ». Vu le regard que la femme m’a lancé, je songe à quitter le boulot en renonçant à mes indemnités de fin de contrat. Ce n’est pourtant pas ma faute, j’ai pris une insolation.
Vous avez essayé cette danse de Cloclo ? Elle a l’air simple mais il est très difficile de coordonner les mouvements. (voir la vidéo). Il faut décidément que je les réussisse et que je trouve un nouvel endroit pour répéter.

Et vous, quel effet le retour du printemps et du soleil a-t-il sur vous ?


Smile away !

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coyote et bip bip.jpgLa chansonnite ne me quitte pas au travail, mais j'ai résisté aujourd'hui à l'envie de danser sur l'air que je fredonne tous les débuts de semaine. Le lundi au soleil, c'est quelque chose qu'on n'aura jamais, mais j'ai pourtant eu une heure de ciel bleu pendant ma balade quotidienne:

Il faisait beau, le soleil brillait, les oiseaux chantaient, je marchais le nez au vent en sifflotant.
Je vois des jeunes qui me dévisagent et semblent vouloir m’accoster. Je m’apprête à répliquer d’un ton condescendant : « écoute mon petit, j’ai le double de ton âge… » Il m’est déjà arrivé, enfin il y a quelques années, de me faire draguer par des adolescents. Au travail, la femme d’accueil a inscrit sur mon badge « stagiaire » (je ne vois pas comment on peut accepter de ne pas être payé pour un job aussi pourri, déjà que je reçois des clopinettes). Mon collègue neuneu me parlait sur un ton paternaliste comme s’il m’apprenait la vie de sa longue expérience, et il est tombé des nues quand j’ai démonté tous ses arguments un par un, en lui révélant que j’avais en fait 5 ans de plus que lui. Depuis il ne me parle plus, trop honteux de s’être fait remettre à sa place par une femme, cet être inférieur. Je me suis également retrouvée coincée entre deux classes de lycéens, et le prof m’a engueulée parce que je m’écartais du groupe « hé toi, où tu vas ? » -euh, j’ai quitté le lycée depuis longtemps … » (on voit l’enseignant proche de ses élèves et qui les connaît bien). Les exemples sont nombreux.

Je marchais donc le nez au vent. Ca ne loupe pas, le jeunot m’accoste.
- « Hé madame…
Je me prépare : -Ecoute mon petit… Euh…MADAME ?!
-Si vous auriez une fille, je l’épouserais bien ! »

carrie-bus-.jpgLà, vous visualisez comme dans les films, le miroir qui se brise, le personnage qui se prend une porte/un râteau/un seau d’eau, Nicky Larson frappé par un coup de massue, Carrie Bradshaw crânant en voyant sa trombine sur un bus et qui se fait éclabousser par celui-ci, Coyote qui court après Bip-Bip et se rend compte trop tard qu’il est au-dessus d’un ravin et s’écrase comme une merde.

Je suis donc passée en l’espace de quelques secondes de l’âge de 16 ans à environ 45.
Comble de l’ironie, je fredonnais comme très souvent Smile away de Paul McCartney, une des préférées du Chat masqué également (on ne peut qu’aimer si on apprécie le rock'n' roll, cliquez sur le lien !) :
musique, Beatles, Paul McCartney, Ram« I was walking down the street the other day
Oh, who did I meet ?
I met a friend of mine and he did say :
« man I can smell your feet a mile away ! »
Smile away, smile away, smile away… »

A ce propos, l’excellent album dont est tiré cette chanson, Ram, va être réédité dans les semaines à venir. Je vous le conseille vivement si vous ne connaissez pas encore ce bijou.

Et vous, des coups de vieux récemment ?

Le retour de Gaston Lagaffe

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gaston-bureau-gaffes-gros.jpgCoucou ya quelqu’un ?
J’étais à la cambrousse dans mon trou perdu sans Internet. D’ailleurs je reviens ici et la connexion foire par intermittence, ou ne fonctionne pas des jours entiers. Sans doute parce que j’ai frit, j’ai rien compris.

Mon boulot pourri était enfin achevé (je faisais des petites croix sur le calendrier, comme un prisonnier sur les murs de sa geôle). Mes quatre collègues embauchés en même temps que moi se réjouissaient :
« J’ai JAMAIS fait un travail aussi nul et mal rémunéré !
-    Oui mais c’est pas sûr que l’intérim nous trouve autre chose !
-    Ca ne peut pas être pire ! On ne peut pas être moins payés ailleurs, vu qu’on est au smic, sans aucun avantage à côté, même pas d’indemnités repas… »

Pourtant, une semaine avant la fin de mon contrat, le DRH me dit :
« Comme on a encore du travail, on va garder une seule personne. On a sélectionné celle qui avait le plus fourni d’effort, et c’est vous. Vous êtes contente hein ?
Moi qui bosse le plus ? ! Mes collègues ne foutaient vraiment rien ! (Bientôt sur vos écrans : la saga « la folie des glandeurs », j’ai déjà écrit 5 chapitres).
J’ai envie de lui répondre: « Attendez, je téléphone à l’agence d’intérim girlpower pour savoir s’ils n’ont rien de mieux à me proposer », mais je n’ose pas.
- Bon le travail n’est pas terrible (c’est le chef lui-même qui le dit hein !) mais c’est toujours ça…
- Et ce serait pour combien de temps ?
- Pour deux mois, mais vous pouvez prendre une pause, le travail n’est pas urgent,  je sais qu’il est difficile, faut souffler un peu... (Pourquoi tant de sympathie ? J’étais à deux doigts de lui demander des congés payés et de me payer le train. Il ne trouve personne d’autre à embaucher ou quoi ?)
-Je peux prendre combien de temps ?
-Autant que vous voulez ! Une semaine, 15 jours… Vous revenez quand ça vous chante ! »

gaston mange.gifEn mai, fait ce qu’il te plaît. Je suis donc partie longtemps… Puis j’ai calculé que dans ma cambrousse, ma mère me nourrissait très bien et gratos (j’ai enfin pu remanger de la viande régulièrement) (et des gâteaux maison) (j’ai pris deux kilos) (un estomac sur pattes ne peut résister aux tiramisu, tarte au citron meringuée, brioche à la praline.) Je ne dépensais quasiment rien (pour vous dire, j’ai oublié le code de ma carte de retrait !)
Bien évidemment, il a plu tous les jours, mais je me suis obstinée à me balader quand même dans la cambrousse (« mais si regarde, un rayon de soleil ! ») Je finissais 500 mètres plus loin par m’abriter sous les cabanes pendant les averses de grêle (« nan mais ça va pas durer… »). Effectivement l’anticyclone est enfin arrivé, 15 jours après, deux heures avant mon départ, avec 30 degrés et grand ciel bleu.
J’ai décidé d’aller me promener, même si je risquais de rater mon train, le dernier de la journée (j’avais tellement hâte de retourner bosser le lendemain). Je n’étais pas la seule visiblement à vouloir profiter de la chaleur.

gaston_lagaffe_campagne.jpgAprès 10 mètres dans l’herbe haute, une couleuvre est sortie pour me siffler dessus. Je suis repartie en hurlant dans le sens inverse « haaaaa un serpeeeent !!!! » prête a courir jusqu'à mon train 15 km plus loin (idée pour vous remettre au sport : mettez un monstre derrière vous). Mais mon frère a rigolé : « c’est rien, il suffit de taper des pieds pour les faire fuir ! » Indiana Jones s’est taillé un chemin dans la jungle hostile à l’aide de son fouet bâton. Je n’ai pas voulu faire la chochotte et je l’ai suivi. On a encore croisé une couleuvre et j’ai entendu plusieurs fois des glissements derrière mes pieds. Brr.
J’ai pensé trouver refuge dans les bois, sans compter sur nos autres amis les tiques, qui se laissent tomber des branches pour s’accrocher au cou des passants, leur sucer le sang et éventuellement leur refiler la terrifiante maladie de Lyme.
Après avoir scruté et tapé le sol pendant deux kilomètres à l’aller, j’ai donc guetté le ciel, les bras repliés sur la tête pendant les deux kilomètres du retour. Pour faciliter la tâche, beaucoup de branches étaient arrachées et nous frôlaient les cheveux, à cause de la grande tempête que la région a subie (le vent a détaché la gouttière du toit et ma chambre est située juste en dessous. J’ai déménagé à deux heures du matin en réveillant toute la famille : « le ciel me tombe sur la tête ! »)

gaston tortue.jpgHostile la nature. Enfin, je préfère toujours affronter les serpents et les tiques que la vie parisienne. Je n’avais même pas posé les pieds à Paris, que la voyageuse devant moi, s’apprêtant à passer la porte du train, me regarde d’un air méchant et me crie : « roh ça va hein !
-Meuh ?
-Oui ben vous voyez bien que je descends !
- M'enfin, je n’ai rien dit !
Elle s’énerve :-mais c’est pas possible ces gens, j’en ai marre !
Je jette un coup d’œil interrogateur pour voir si quelqu’un a compris la scène, mais les autres me répondent d’un regard blasé. Ils voient ça tous les jours. Un homme peste « bon on peut descendre ?! » et la femme se met à hurler de plus belle en gesticulant, bouchant la seule issue. Un type la pousse violemment et se faufile par la sortie, renversant les bagages de la femme, qui reste interdite. Les autres voyageurs le suivent. Comme je ne veux pas sortir lâchement, je relève brièvement une des valises de la femme, mais au lieu de me remercier elle m’arrache l'objet des mains. Elle a dû penser que j’allais le voler.

Le lendemain matin, je retrouve la joie du métro bondé aux heures de pointe, où chacun se rue sur les places libres comme si des billets de 200 euros étaient posés dessus. Une station avant mon arrêt, j’entends la voix automatique : « en raison d’un incident technique… » J’arrive donc avec 20 bonnes minutes de retard pour mon premier jour de boulot.

En poussant la porte de l’open space, les collègues me lancent :
-T’es enfin de retour, c’est pas trop tôt !
- Je vous ai manqué ? C’est vrai sans moi ya plus d’ambiance !
Le chef me lance un sale œil. Il n’apprécie pas vraiment mon humour ni mes chansons. (Ce qui fait que j’en rajoute toujours trois couches.)
 - Tu nous as pas ramenés le soleil !
- T’as apporté quelque chose à manger?
-Non pourquoi ?
- Ah ben sympa ! Moi j’étais en Bretagne la semaine dernière et j’ai ramené des galettes !
- Et moi j’ai aussi fait le pont et j’ai ramené du far breton !
- Je repars si vous voulez ! Pour ramener un saucisson de Lyon?
- c’est nul… »

gaston gaffophone.jpgJe m’installe devant mon écran. Quand j’écris mes deux mots de passe, l’ordinateur énonce un gros BIP de mécontentement.
Au bout du sixième bip, le chef soupire. Je peux lire très clairement ses pensées : « on a eu 15 jours de tranquillité, mais ça y est Gaston Lagaffe est revenu et me soule dès la première minute… »
Je tente un timide : -Euh… je crois que j’ai oublié mes codes d’accès…
Prunelle se lève comme s’il portait toute la misère du monde (il m’a déjà sur le dos) et s’approche de mon écran. Il a vite compris que j’étais une mémé face aux nouvelles technologies : le premier jour de boulot, je n’ai pas su allumer l’ordinateur. Je ne connaissais pas ces unités centrales qui se collent sous l’écran ! Mémé possède un ordi vieux de 8 ans qui fait le bruit d’une locomotive du Far west et met deux plombes à démarrer.

- Vous avez peut-être appuyé sur la touche des majuscules?
Très fière de ma gaffe : - Ah non non, j’ai tout simplement oublié mon mot de passe, hihi !
Quelle idée aussi de nous imposer des codes secrets impossibles à retenir, à base de suite de lettres et chiffres incompréhensibles comme XbKj-3_487gv.
-Vous ne l’avez pas noté sur le carnet qu’on vous a donné ?
-euh… je l’ai oublié aussi.. (bonjour ! je viens au boulot les mains dans les poches ! mais je n’ai pas oublié le plus important : mon casse-croûte.)
J’entends nettement Fantasio grincer des dents : -bon, je vais téléphoner à l’informaticien …
gaston prunelle.jpgComme d’habitude, toujours les pieds dans le plat, je fais de l’humour: - haha, je crois que j’ai encore besoin de vacances ! » (En fait je suis aussi rouge de honte et des gouttes perlent sur mon front)
Pendant la récupération du mot de passe, comme je n’ai rien d’autre à faire que d’attendre, j’ose poser la question qui me taraude :
-et sinon, rassurez-moi, ici, le lundi de Pentecôte est bien férié? »
J'imagine Prunelle grommeler "rogntjdjû". Un jour je le dériderai, si si.

Le soir, comme j’ai perdu une heure de travail entre le métro bloqué et le mot de passe d’ordinateur oublié, je dois logiquement bosser plus longtemps. Il ne reste plus que moi et le chef. Ce dernier met sa veste: « Vous fermerez la porte à clé quand vous partirez !
-    Ah… c’est que… j’ai aussi oublié les clés du bureau… »


Je pense que le chef va m’offrir un billet pour Lyon sans le retour.

 

Et vous, vous avez fait le pont ? Bientôt les vacances ?


Le retour de Gaston Lagaffe, suite

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gaston gonflé.jpgJe n’allais pas m’arrêter en si bon chemin…
Après 15 jours de vacances, dès mon arrivée au bureau j’ai donc demandé si le lundi de Pentecôte était bien férié. Comme le chef, énervé par mes blagues, ne m’avait toujours pas payé de billet pour repartir et se débarrasser de moi, j’ai enfoncé le clou en demandant si on faisait le pont pour l’ascension. Réponse abrupte : « non !!! »
Pourtant, je surprends les appels téléphoniques de Prunelle (Personnellement je déteste qu’on entende mes conversations donc je ne téléphone pas en public, c’est pourquoi mon portable porte mal son nom.) J’entends des termes fort réjouissants comme « j’ai calculé l’itinéraire, il faut passer par Nantes » « Tu aurais un deuxième duvet ? « j’espère qu’il fera assez chaud pour dormir sous la tente »
Hé hé, le chef ferait-il le pont, lui ?

J’ai confirmation le soir même. Prunelle nous annonce solennellement : « Je ne suis pas là vendredi.
- OooOOOh ?! »
Mes yeux pétillent comme à la vue d’un gâteau au chocolat. Je tente de retenir un sourire béat, en vain (j’ai un visage très expressif, à la fac on me surnommait « la toon »). Je me tourne vers les autres employés, ils restent impassibles. Contrairement à moi, ils maîtrisent parfaitement l’art de l’hypocrisie, si essentiel et répandu dans le monde du travail. Comme me l’a dit ma seule collègue sympa et bosseuse, vache qui rit à toutes mes blagues : « Tu dis tout haut ce que tout le monde pense tout bas ici, en soulevant toutes les incohérences de ce boulot, et en plus en faisant de l’humour sarcastique ! »

Prunelle serre les dents face à mon air réjoui :
- Comme je sais que vous devez envoyer votre feuille de présence vendredi, vous n’avez qu’à la remplir en avance et je vous la valide, même si on est que mercredi. (Il marque un temps. On sent que ces derniers mots lui écorchent la langue) : Bon, je vous fais confiance…
« Je vous fais confiance. » OUAH AH AH. Je me vois déjà retarder la sonnerie du réveil d’une demi-heure.

gaston lebrac chat.jpgPrunelle étant totalement dénué d’humour, et moi adorant mettre les pieds dans le plat, je ne peux m’empêcher de le torturer pendant qu’il signe ma feuille, approuvant mes heures de travail non encore effectuées :
-Faut pas que j’envoie tout de suite mes horaires à l’agence d’intérim alors !
Le cœur de Prunelle fait un bond : - Ah non surtout pas ! Vous attendez bien vendredi 17 heures comme d’habitude hein !!!
Pauvre Prunelle, il va nous faire une attaque. Avec Gaston, il mérite bien quelques jours de repos (il peut prendre aussi sa semaine, ça ne me dérange pas). Comme la plupart des gens premier degré et un peu limités (mon chef n’a pas inventé l’eau tiède), au lieu de comprendre qu’il ne saisit pas toutes les nuances de ma pensée si raffinée (ouah ah) Prunelle me prend sans cesse pour une demeurée. (Malheureusement je rencontre énormément de personnes de ce genre au travail). (je suis un génie incompris)

Bon, je donne l’image d’un Gaston Lagaffe avec mes blagues potaches sur la glandouille etc, mais en fait, je suis consciencieuse et scrupuleuse, et malgré moi je bosse toujours plus et plus vite que mes collègues. Je suis du genre à sortir le défaut cliché que l’on demande aux entretiens : « perfectionniste ». Mais ne le répétez pas, j’ai une réputation de Gaston à tenir. Quand mes collègues se rendent compte que je travaille plus qu’eux, ils me trouvent tout de suite moins sympathique. Ce qui est arrivé dernièrement quand j’ai été la seule intérimaire voyant mon CDD prolongé. Car oui, on peut faire des blagues et travailler en même temps (surtout quand le travail ne demande aucun effort intellectuel comme celui que je fais.)

Le vrai Gaston n’est pas celui qu’on pense, comme vous pourrez le lire demain…

 

Et vous, comment se passe la relation avec vos collègues et supérieurs au travail ?

La folie des glandeurs : le pont de l'ascension

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gaston-repos-gaffeur.jpgVendredi matin, je débarque donc au boulot avec vingt bonnes minutes de retard, me corrigeant mentalement : « ranh, t’abuses quand même… »
Pourtant, un seul employé est présent. Il est en grande conversation téléphonique sur le fixe du bureau. Il calcule ses impôts avec sa femme. Et là, j’apprends qu’il gagne plus du double de mon salaire. Je l’ai déjà mauvaise en entendant la nouvelle, mais il m’achève une heure plus tard, quand il raccroche enfin. Il me voit travailler normalement et rigole avec dédain : « mais pourquoi tu te tracasses à bosser autant, toute façon t’as la même paie au final ? Nous on ne regarde que 25 dossiers dans la journée. »
Sa voisine, qui lit le journal gratuit, acquiesce. Je tombe des nues car je ne traite non pas 10 %, ou un quart, mais carrément TROIS FOIS PLUS de dossiers qu’eux. Je m’étrangle également en repensant à leurs propos lors des élections, vantant les mérites du « travailler plus pour gagner plus ». Comble de l’ironie, ils sont tous à temps partiel. Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais, sans regarder la poutre dans mon œil.

gaston fantasio parti.jpgMon collègue à ma droite n’est même pas là. Son ordinateur est éteint, mais ça, c’est habituel. Il l’allume en général quand il me voit arriver (sachant que, ne travaillant que 4 jours, il est censé bosser dès 7h30, soit une heure 30 avant moi) (le seul jour où je suis arrivée en avance, je l’ai surpris en plein sudoku) (je suppose qu’après ses 30 ans dans l’entreprise il doit maîtriser le niveau « expert »).
A 10h30, je le vois enfin débarquer comme une fleur, pour repartir une heure et demie plus tard avec les autres, puisqu’à part le chef et moi personne ne bosse à temps plein.

Je pensais avoir tout vu et entendu, mais le collègue qui a passé sa matinée au téléphone me sort le plus naturellement du monde, tout en mettant son manteau :
-Ah Papillote, tu pourras t’occuper des dossiers Trucs, j’ai pas eu le temps de le faire.
Au lieu de lui rétorquer : Si tu n’avais pas passé ton temps au téléphone aussi !!! Je pense à la place à cette nouvelle tâche :
- Mais qu’est que c’est ? On ne m’a jamais demandé de le faire, ni expliqué comment !
-C’est pas compliqué, il suffit juste de classer et répertorier tous les dossiers qu’on a fait et de noter tous leurs numéros.
Je le regarde avec de grands yeux ronds. Il doit penser que je suis trop bête pour comprendre ce qu’il dit, mais je suis en fait ébahie par son culot.
Il ose même dire, je vous assure que je le cite mot pour mot : - Parce qu’à la base c’est le boulot du chef, mais il veut pas le faire parce que c’est pas intéressant, alors il me le refile. Et si il voit que je l’ai pas fait quand il rentrera lundi, il va m’engueuler »

gaston_lagaffe_paresseux.jpgJe pense qu’est inscrit sur mon front, en lettres clignotantes : « pigeon, marchez-moi dessus je ne dirai rien »
Et effectivement je n’ai rien dit. J’ai juste marmonné « on verra si j’ai le temps, faut que j’y pense ». C’est idiot mais j’ai d’abord songé : « c’est la première fois en cinq mois de travail que ce collègue m’adresse la parole (à part les salutations d’usage) je ne vais pas rentrer en conflit avec, pour une fois qu’il se déride. »
Mais faut pas pousser, je n’ai pas fait son travail. Il se fera peut-être sermonner lundi, et m’en voudra de ne pas avoir fait son boulot. Un jour j’apprendrais à avoir de la répartie et à m’imposer d’entrée pour éviter ces désagréments. A la place, je rumine une réponse que je parviens enfin à sortir trois jours après, quand la bataille est finie. Je suppose que mes autres collègues qui passent leur journée à gueuler comme des poissonnières de Ménilmontant lui auraient hurlé immédiatement, comme je les ai déjà entendus faire : « qu’il pouvait aller se gratter et se foutre les dossiers où je pense. »

Mes collègues à temps partiels partis, je me retrouve donc seule dans le bureau, sans personne pour vérifier si je bosse ou pas. Eh bien figurez-vous, j’ai travaillé quand même. Pire, comme je n’avais pas fini le dossier en cours, je suis même partie avec 30 minutes de retard (celles que j’avais gagnées le matin) (mes collègues abandonnent leurs dossiers sur la table dès que 17 heures sonnent, comme si une alerte au bombardement les priait de courir dans l’abri le plus proche.)

Enfin, « seule au bureau, sans personne pour vérifier »… Ce n’est qu’une expression…
SUITE DEMAIN

Et vous, quelle est l'ambiance au bureau quand le chat n'est pas là?


La folie des glandeurs : le pont de l'ascension, suite

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travail,gaston lagaffe,big brotherMes collègues partis pour l'ascension, je me retrouve donc seule dans le bureau.
Tout l’après-midi, des personnes entrent à l’improviste, sans même frapper à la porte.
- Euh ?
- Je suis du bureau d’à côté, je viens prendre des agrafes, et le placard des fournitures est ici.
-Ah ? Euh… d’accord…
A ce propos, constatant ma grande consommation d’agrafes (on doit accrocher chaque dossier, et comme j’en traite trois fois plus que les autres employés…) à chaque fois que je me réapprovisionne, le chef me demande d’un air suspicieux : « Mais vous en faites quoi de toutes ces agrafes ?! » (Ben, je les mange !) (La contrebande d’agrafes doit être un marché juteux)

Une heure plus tard :
« Vous auriez des trombones ? »
Je songe à poster sur la porte : « chez Papillote, fournitures de bureau, ouvert de 9 heures à 17 heures, du lundi au vendredi, entrée libre. »

20 minutes après, j’entends qu’on essaie d’ouvrir la porte du fond. Je travaille dans un grand open space muni de trois portes, et quand je suis partie manger, je les ai fermées à clé (des fois qu’on me vole des trombones). Je pense à en ouvrir qu’une seule au retour.
Je sors : - oui, vous voulez ?
Un homme me regarde d’un air agressif : Pourquoi cette porte est-elle fermée ?!!
Je lui explique : eh bien comme j’étais seule, j’en ai ouvert qu’une.
Il hausse le ton : « Ah oui ! Je vois bien que vous êtes seule ici !! Comment ça se fait ?!!! »
Il doit s’imaginer que je m’enferme pour pouvoir danser sur les tables et faire un feu de joie avec les dossiers.

gaston coucou fantasio.JPGA l’heure où je devrais partir, certainement pour vérifier si je n’ai pas profité de l’absence du chef pour quitter le travail plus tôt, un type rentre :
- Votre chef m’a appelé, assez paniqué.
-Ah ? (Qu’est ce qu’il se passe encore !)
- Il a oublié de vous rappeler une chose très importante, il m’a dit qu’il n’en avait pas « dormi de la nuit ».
-Oh ?!
-Oui, il faut absolument que vous pensiez à fermer la porte à clé avant de partir ce soir. »

C’est bête, moi qui avait préparé un bel écriteau : « Tout doit disparaître ! »  « c’est ouvert, servez-vous, prenez les ordinateurs » « si vous pouviez également partir avec les dossiers à traiter, ce serait pas de refus »
Mon chef me prend vraiment pour une neuneu. Bon d’accord, j’ai oublié les clés la semaine dernière, mais c’était mon premier jour, je revenais de vacances, je n’avais pas la tête à ça, et d’habitude Prunelle est le dernier à quitter le bureau…
Ne pas en dormir de la nuit ! Il n’a vraiment que ça à penser. Ce travail est si passionnant.

La confiance règne. Sans doute parce que je me permets de plaisanter, que je suis la plus jeune, embauchée en intérim sans possibilité de CDI, le chef doit penser que je suis la moins sérieuse. Bien évidemment personne des bureaux alentour n’est venu vérifier si mes vieux collègues en CDI bossaient bien le matin, tandis qu’ils passaient leur temps à téléphoner, lire ou papoter à la machine à café…
Bientôt sur vos écrans, d’autres épisodes de la saga « La folie des glandeurs »!

Et vous, l’ambiance au bureau ?

La rubrique nécrologique de la semaine : Lagaffe danse Stayin' alive

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bee_gees_stayin_alive.jpgLundi matin, 8 heures, le réveil se met en route comme chaque jour sur Radio Nostalgie :
« On apprend le décès de Robin Gibb, l’inoubliable Bee Gees, des suites d’un cancer du côlon, à l’âge de 62 ans… »
Je vous laisse deviner quelle chanson m’a occupé l’esprit toute la journée. Quand on invente « staying alive », on n’a pas le droit de mourir.
Déjà, en m’habillant, j’abandonne enfin mon manteau d’hiver pour mettre mon blouson en skaï . Je choisis inconsciemment un jean au fond évasé, un peu patte d’eph, et des bottines en cuir. Bref, le sosie de John Travolta marchant dans Saturday night fever.

Je sors pour rejoindre le métro, toujours la chanson en tête. Je me rends compte que j’avance en rythme, comme l’acteur. (Malgré moi, dès que j’entends de la musique dans la rue, je ralentis et me cale sur le tempo, même si je n’aime pas l’air que j’entends.) Je fredonne. Sur le quai, une femme me fait un large sourire et hoche la tête d’un air entendu. Elle m‘aperçoit chuchoter le « ha, ha, ha, ha, stayin’ alive, stayin’ alive » tout en dodelinant la tête d’un côté et de l’autre. Voyant qu’elle a compris la référence (elle a dû apprendre la nouvelle) je balance furtivement un bras en bas et l’autre en haut avec le doigt levé, comme Travolta. La femme éclate de rire. Un type l’entend et se retourne vers moi, mais replonge immédiatement dans ses pensées. Dans le métro, les gens ne sont guère attentifs et restent dans leur bulle déprimée.

stayin alive.jpgJ’arrive au bureau. Le lundi matin, le chef est en réunion jusqu’à 9h30. Alors quand le chat n’est pas là, les collègues partent en longue pause café et la Papillote danse. Seules deux (sur dix) collègues sympas sont présentes. Je rentre par la porte du fond et traverse l’allée centrale de l’open space en chantant :
« Well you can tell
by the way I use my walk
I'm a woman's man
no time to talk
Music loud and women warm
I've been kicked around
since I was born ! »

J’atteins le bout de l’allée et me retourne en faisant le classique déhanché de Travolta. Mes collègues sifflent et tapent des mains :
« Whouhouh ! C’est tout à fait ça !
- Tu danses trop bien ! »
A cet instant, la porte du bureau s’ouvre brusquement :
- C’est quoi ce bordel ?! »
Ouf, ce n’est pas le chef, simplement le collègue qui m’avait demandé de faire son boulot à sa place. Pour une fois, je ne suis pas prise en flagrant délire.

gaston lagaffe est mon idole, bee gees, donna summer, musique, saturday night fever20 minutes plus tard, Prunelle revient de sa réunion. Comme toujours, les conversations cessent en plein milieu d’une phrase. Je trouve cette réaction stupide et hypocrite. Prunelle doit forcément nous entendre jacasser et rire depuis le fond du couloir, et quand il ouvre la porte, plus un bruit ! C’est un chef mais pas un kapo tout de même, même si la traduction signifie la même chose. Il déteste quand on parle, pourtant je rappelle que l’on fait un travail répétitif qui ne nécessite aucune concentration. Alors je papote tout de même de temps en temps pour briser le silence pesant, pour que le temps passe plus vite, et Prunelle pousse de lourds soupirs pour signifier son mécontentement. Parfois quand mes collègues rigolent de mes réflexions, il les gronde comme des enfants : « oh, un peu de sérieux ! » et les employés baissent la tête sans dire un mot jusqu’au restant de la journée, interminable.

Rompant le silence de mort, le collègue qui m’avait surprise dit au chef :
« Vous avez raté quelque chose tout à l’heure !
-Ah ? Quoi ?
-Papillote qui chantait et dansait ! C’était quelque chose !
Le chef me lance un regard furibond. Je suis cramoisie. Mais comme d’habitude, j’en rajoute une couche :
-Nan mais le chanteur des Bee Gees est mort ce matin, fallait bien lui rendre hommage ! »

full monty.jpgEt pis d’abord, je n’ai pas chanté Stayin’g alive en entier, seulement le premier refrain, et je n’ai pas fait ma chorégraphie complète, savamment élaborée au fil des soirées arrosées.
Je pense que mon collègue a tenu là sa vengeance, puisque je n’ai pas fait son travail à sa place et qu’il s’est donc fait engueuler par Prunelle.
Je vous rassure,  le jour du décès de Donna Summer, je n’ai pas fait la chorégraphie des Full Monty sur Hot Stuff.

Des titres éloquents

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gaston dort.jpgJ’allume l’ordi. Il me signale : « il ya des icônes non utilisées sur votre bureau, souhaitez-vous les supprimer ?» Parmi elles, Microsoft word, qui me sert pour écrire mes billets.
Oui, bon, d’accord... je n’ai pas publié depuis longtemps, Electra râle encore… mais je peux sortir mes bonnes excuses habituelles : « je bosse trop» et son contraire « j’étais en vacances».

Ma chef était désespérée de me voir partir en congé. « Comment allez-vous survivre sans moi» lui ai-je répondu en rigolant. Sauf qu’elle n’a pas ri et me regardait toujours comme si elle allait se jeter par la fenêtre. Je ne pense pas que son air signifiait : « Non Papillote, ne pars pas où je saute, on a trop de boulot ici ! » mais plutôt : « Non Papillote, arrête tes blagues ou je saute, j’en peux plus de ta chansonnite ! » J’ai pourtant résisté à l’envie de fredonner mon air de prédilection qui me venait à l’esprit, se prêtant admirablement à la situation : « reviens, on va vivre la main dans la main, c’est écrit sur les murs de la vie», ou bien encore celui d'Elsa, T'en va pas. Parfois je parviens tout de même à décrocher un sourire (par usure) voire même un éclat de rire (nerveux sans doute).

J’étais donc encore en vacances dans le trou perdu sans Internet ni canal +. Je n’ai pas pu écrire ni rattraper mon retard de films, mais j’ai eu le temps de lire quatre livres en quinze jours, c’est-à-dire autant que… les trois derniers mois. L’objectif des années précédentes « un livre par semaine » n’est plus qu’un lointain souvenir.
D’ailleurs je n’ai pas actualisé depuis presque deux ans ( !!!)  les colonnes du blog. « Je ne sais donc plus lire depuis 2010 » comme vous pouvez le constater à droite. Mes dernières lectures inscrites à gauche sont officiellement « une mort très douce» de Simone de Beauvoir,  et le très bon roman de Romain Monnery, « libre, seul et assoupi».
Hum. Pas du tout évocateurs. Non non, le blog ne se meurt pas doucement, il est simplement assoupi.

dans la tete du tueur-.jpgLe dernier livre que j’ai réellement lu porte un titre tout aussi symbolique : « Dans la tête du tueur». Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas de Papillote achevant délibérément son blog, mais de l’enquête du gendarme traquant Francis Heaulme (contrairement à ce que le titre annonce, les motivations, la biographie et la psychologie du meurtrier ne sont pas très développées).
Je projetais aujourd’hui de lire l’autobiographie de Keith Richards. Ce titre pouvait annoncer le renouveau de ce blog : Life. Ha, ça vous en bouche un coin. Sauf que la bibliothèque ne le proposait pas, alors j’ai pris à la place une autre autobiographie dont j’ai souvent entendu vanter les mérites, mais dont je ne connais pas encore l’auteur, Annie Ernaux. J’ai donc emprunté cet après-midi son seul livre disponible, c’est-à-dire… La honte.
Non, ce titre ne signifie rien, rien de rien, je ne regrette rien, j’ai peut-être abandonné ce blog quelques temps mais j’ai fait plein d’autres choses à la place (comme traîner sur le net) comme aller voir des one man show, je vous en parlerai (un jour quand j’aurais le temps entre deux films).

C'est la quille

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chat quille travail.jpeg- Finalement le big boss ne veut plus embaucher, il dit qu’on n’a pas les moyens.
- M’enfin ! La boîte a remporté plein d’affaires ce mois-ci, on n’a même pas le temps de les traiter, et elle a engrangé 3 millions ! "
C’est pourtant connu : plus une entreprise gagne d’argent, plus elle licencie. Et puis organiser 15 jours de soi disant séminaires au ski ou en Tunisie, et des soirées cocktails sur des yachts entre les grands pontes, c’est plus important bien sûr que d'employer un salarié. Puis ça coûte moins cher, forcément.
Pour une fois que je voulais rester ! C’est que je m’amusais bien ici ! Enfin le travail était très enrichissant je veux dire. Hum.
Et je pars à la fin de mon contrat ? Quoi, dans 2 jours, le 30 avril ? Ah non, ça me fait rater tous les ponts de mai payés ! Puis les ¾ des employés partent en vacances, j’aurais eu l’open space m’a tuer pour moi toute seule ! Avec pas grand-chose à faire, et personne pour espionner mon écran d’ordi pendant que je regarde facebook. Enfin, j’aurais eu plus de facilité pour me concentrer sur mon travail précieux. Re-hum.

J’annonce la nouvelle aux collègues :
Moi - "Liberté, j’écris ton nom ! C’est la quille dans 2 jours !
Caliméro : - Alors je pleure dans deux jours…
Moi - Nan, contente-toi plutôt de me faire un super gâteau au chocolat pour fêter ça, mais avec le cœur bien coulant tu vois ? Ca me sera plus utile.
Caliméro : - Quand est-ce que tu arrêteras de penser avec ton estomac ?"
Etant donné qu’on me surnomme l’estomac sur pattes, jamais je pense… je vis pour manger moi.
Grincheuse : - " T'organises un pot pour ton dernier jour ? Tu fais un gâteau ?
Moi : - Non. (Je sais que j’en recevrai déjà, et certainement pas de sa part : grincheuse a poussé sa méchanceté et sa bêtise jusqu’à ramener pour la première fois un gâteau le jour de mon départ, en en proposant à tout le monde, sauf à moi). (mais je l’ai goûté quand elle avait le dos tourné et il était dégueulasse) (et ceux que mes collègues sympas m’ont offerts étaient bien meilleurs) (na.)
Moi : - " J’ai récupéré mon four chez une voisine, il est plus vieux que moi. La dernière fois que j’ai vraiment cuisiné un truc c’était en l’an de grâce 2010 je pense, un cake mal cuit évidemment, que tout le monde a trouvé trop sec …
Grincheuse : - Mais c’est pas grave, j’adore les gâteaux moi !"
Oui ça se voit. Je ne te rendrais pas service. Ou alors je mets du laxatif dedans, mais tu serais encore contente vu que c’est ta méthode de régime préférée. Ou alors de l’arsenic ?

Pour info, je précise que grincheuse me hait sans raison (enfin, par jalousie) et a carrément tenté de me frapper, mais selon le chef du personnel « bah, t’en verras d’autres, c’est rien, avec les deux filles qui t’ont précédée (et qui ont démissionné, on se demande bien pourquoi) elles s’insultaient et se tiraient les cheveux, haha ! » C’est drôle, effectivement.
coup-de-tete- 2.jpgVous comprenez pourquoi je n’ai pas spécialement envie de faire un pot de départ avec mes chers collègues. Ou alors je fais comme Patrick Dewaere à la fin de Coup de tête, l’un de mes films cultes comme j’en ai souvent parlé : « Je lève mon verre à la plus formidable bande de salopards que j’ai jamais rencontrée ! Je lève mon verre au tas d’ordures qui m’entoure. Et ya de quoi remplir une sacrée poubelle ! »

Nan mais je vous assure, je m’amusais bien, quand on faisait abstraction de ces légers détails…
D’ailleurs un autre collègue s’interroge : "Mais comment tu fais pour être toujours de bonne humeur dans une ambiance pareille ?"
elle cause + elle flingue.jpgParce que je me crois dans un film et que je peux ressortir toutes les citations d’Audiard sur la connerie humaine peut-être ? Par contre c’est vrai que je n’ai pas pris note de celle-ci : « quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 les écoutent. » (Enfin 50 dans mon cas, mais bien 130 dans le sien). Ca m’aurait évité de recevoir sur la tronche un éléphant, ça trompe énormément. Faut pas parler aux cons, ça les instruit. Puis les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît.

Un autre collègue : "Déjà que c’est le grand n’importe quoi c’te boîte, mais alors si t’es plus là, ça va vraiment être le chaos !"
Il voulait dire qu’un employé en moins allait donner plus de travail aux autres, mais je préfère dire qu’il faisait plutôt référence à mon humour irrésistible, ma chansonnite aigue qui égayait ces lieux lugubres… Après moi le déluge.

La bonne nouvelle, c’est qu’au chômage, j’aurai enfin le temps d’écrire.
Enfin, au chômage... je ne sais pas quand je vais recevoir mes indemnités… J’ai déjà mis 6 mois la dernière fois à les obtenir (souvenez-vous de mon parcours du combattant), à cause d’un « bug informatique » de Pôle emploi. Là, une semaine avant d’apprendre la fin de mon contrat, je reçois un mail de Paulo, mon ami pour la vie : je suis radiée car je ne me suis pas « actualisée ». Juste quand je suis vraiment sans emploi. Je m’étais bien inscrite, mais je n’avais pas pu sauvegarder la copie écran « en raison d’un dysfonctionnement momentané du site». En plus, mon ex employeur a « oublié » de me donner les papiers de fin de contrat pour mon chômage, il va falloir que je retourne chercher l’attestation et revoir mes chers collègues…
Je leur apporterai un gâteau pour l’occasion.

A propos de chansonnite, pour les Parisiens, courez voir le spectacle des Blonds, faux trio suédois qui rend un « homaj à la chonson française» complètement délirant… A pleurer de rire.

Libre et assoupi, places de ciné à gagner

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libre et assoupi affiche.jpgSébastien sort de la fac sur diplômé. Ses deux colocataires se lancent avec enthousiasme dans la vie active : les stages non rémunérés pour l’une « stagiaire, la version moderne d’esclave» ; les petits boulots mal payés pour l’un. Sébastien lui, préfère contempler le monde, réfléchir, lire et regarder des films… (Voir ici la bande annonce)

Ça vous rappelle quelqu’un ? Oui, moi évidemment. Inutile de vous dire que j’ai adoré le film, véritable profession de foi. Il est adapté du roman de Romain Monnery, Libre seul et assoupi, que j’avais lu dès sa sortie, en recopiant des passages entiers de ma nouvelle Bible (je vous en mettrai demain).

J’ai adoré le livre, et chose très rare, le film est encore supérieur ! Le réalisateur et scénariste Benjamin Guedj a eu la grande finesse d’alléger le propos, plus sombre et désabusé de Monnery, pour en faire une histoire comique et universelle

libre et assoupi lagaffe.jpgTout le monde peut se retrouver dans l’un des personnages. Sébastien (Baptiste Lecaplain), le doux rêveur immature. Anna (Charlotte Le Bon) la battante, qui encaisse beaucoup de choses dans ses stages mais qui croit en elle et sait que plus tard, ses efforts lui apporteront un bon emploi. Bruno (Félix Moati, le fils de Serge, déjà vu dans Télé gaucho, voir ma critique en lien)  ne se pose pas trop de questions et fait des petits boulots improbables (père noël, chauffeur de corbillard). Richard le conseiller RSA (Bruno Podalydès) qui se définit comme un homme moyen mais qui aime aider les gens, et qui comprend Sébastien. Au lieu de le culpabiliser, le conseiller RSA l’écoute. Et c’est au contraire le jeune homme qui le conseille, lui fait découvrir les derniers romans qu’il a lus (quand on ne travaille pas, on a le temps de se cultiver) et l’incite à vivre enfin son rêve : ouvrir une crêperie.

libre et assoupi persos.jpgLes personnages ne sont pas caricaturaux et les interprètes formidables. A commencer par mon chouchou l’humoriste Baptiste Lecaplain (voir en lien ma critique de son spectacle). A l’image de son interprète principal, le film est très drôle et inventif. Par exemple Anna cache un faux journal intime, car elle sait que Bruno, amoureux d’elle, va le lire. Elle y déclare aimer les hommes qui boivent leur bière à la paille, ou portent des pantalons de cuir… et Bruno reproduit ensuite ces faux désirs dans des scènes hilarantes. L’humour, le réalisateur connaît bien : il a écrit certains sketches de Florence Foresti, Franck Dubosc, Laurent Ruquier…

libre et assoupi felix moati.jpgAvec ces dialogues très construits, la description de l’amitié virile, le goût de la provoc et du je m’en foutisme (Bruno est « slipiste » : il aime vivre en slip) on reconnaît l’univers de Bertrand Blier. D’ailleurs les personnages citent Les valseuses « on est pas bien là ?... » Et Benjamin Guedj confesse son admiration : « Ce qui me plait chez Blier, c’est que les personnages se définissent plutôt par le verbe que par l’action. » Pour le rôle de Bruno, le réalisateur s’est inspiré du côté « loser flamboyant » de mon acteur préféré Patrick Dewaere.

libre et assoupi charlotte le bon.jpgLibre et assoupi apporte une bonne touche de réflexion sur la société actuelle (si on ne travaille pas, on est rien, l’homme se définit par son travail). Lors d’une soirée, Sébastien a le droit à la phrase rituelle « tu es un assisté», aux regards d’envie de ceux qui n’aiment pas leur job et rêveraient d’oser faire comme lui. Mais qui n’a pas hésité dans sa jeunesse ? Qui n’a pas eu envie plus tard de faire une pause et de réfléchir à ce qu’il voulait vraiment ? De profiter enfin de la vie, de se consacrer à ses passions, ou à sa famille ? Même les travailleurs acharnés et passionnés, ceux qui ne remettent pas en cause le boulot métro dodo, même les pessimistes qui subissent leur sort  (« je déteste mon travail, mais je suis obligé de le faire, c’est la crise, je ne trouverai rien d’autre, d’ailleurs je ne cherche même pas »). 

Le réalisateur explique : « La question qui m’intéressait était de savoir si on peut emprunter un autre chemin que celui de ceux qui bossent, prennent leur retraite et meurent dix ans plus tard ! Voilà pourquoi le flic dans la scène du parc déclare à Sébastien : « à la rigueur, si vous voulez ne rien faire, allez près d’un supermarché, prenez un chien et faites la manche». Il deviendrait alors possible de l’identifier et de le rattacher à une catégorie d’individus. Mon personnage n’est pas dans une nécessité de survie et c’est ce qu’on lui reproche. » 

Libre et assoupi présente un subtil équilibre entre humour, réflexion et émotion. La déclaration d’amour manqué d’Anna est vraiment très émouvante. Les dialogues et situations sonnent justes.

J’ai eu la chance d’assister à une rencontre avec le réalisateur et l’acteur principal, Baptiste Lecaplain. J’aurais voulu briller dire que j’avais retrouvé l’univers de Bertrand Blier et lu le bouquin (j’étais certainement la seule dans l’assistance) mais comme d’habitude, même si j’ai des questions pertinentes, je n’ai pas osé les poser… car je suis assoupie…

J’ai le plaisir en partenariat avec Gaumont de vous faire gagner 10 places pour ce merveilleux film. Pour cela, répondez à ce petit quiz et envoyez-moi avant mardi 6 mai minuit vos réponses par mail (et non dans les commentaires, voir « me contacter » en haut à gauche sous mon avatar). Vous pouvez aussi me suivre sur facebook et twitter pour augmenter vos chances. Les gagnants seront prévenus par mail mercredi. Les places sont valables uniquement en France métropolitaine.

Quiz On connaît le film :

- Dans quel film Félix Moati a-t-il joué et a-t-il été nommé comme césar du meilleur espoir masculin ? (réponse dans le texte)

Question subsidiaire plus difficile, pour départager les gagnants :

- La nouvelle bannière de mon blog est tirée d’une de mes comédies préférées, avec Patrick Dewaere évidemment, j’en ai souvent parlé ici. Quel est ce film ?

Bonne chance à tous !

 

Libre, seul et assoupi, de Romain Monnery

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libre seul et assoupi,romain monnery,pôle emploi,chômage,travailJe vous parlais hier du film Libre et assoupi, pour lequel vous pouvez toujours gagner des places de cinéma. Voici maintenant ma propre expérience et des extraits du livre dont le film est adapté :

Avant, j’étais comme le personnage de Bruno, à accepter n’importe quel boulot, et je postulais à tout (cliquez sur ces quelques liens, pour ceux qui n'ont pas suivi mes péripéties de chômeuse) J’ai enchaîné les emplois merdiques, mal payés, avec les collègues aigris,bêtes et méchants. J’ai vu des choses qui m’ont rendues malades (un porc qui tripote les gamines dans une école mais personne ne le signale à part moi « parce qu’on ne veut pas créer d’histoires», une femme qui maltraite ses enfants, etc…) Plutôt que de crever au boulot, j’ai décidé d’arrêter. Sois feignant, tu vivras longtemps. Aujourd’hui, je profite de mon chômage pour chercher enfin un travail qui me corresponde mieux, même si je ne rêve pas trop, je ne trouverai pas de boulot en rapport avec ma formation (cinéma). Même si dans 3 mois, je n’ai plus droit aux allocations, et que faute d’argent, je serai obligée de reprendre la longue suite des petits boulots en intérim. Et puis si les bac+5 prennent les emplois qui ne nécessitent aucun diplôme, comment font ceux qui n’ont même pas le bac ? Le boulot, y en a pas beaucoup, faut le laisser à ceux qui aiment ça. Sois feignant, tu vivras content

J’ai non seulement été affectée à des postes sans intérêt pour moi (aucune créativité), mais souvent aussi, parfaitement inutiles. La plupart du temps, je jouais le rôle d’intermédiaire entre deux personnes qui auraient pu communiquer directement. Ou je recopiais sur ordinateur des textes techniques incompréhensibles, des suites de chiffres écrits à la main par des types qui avaient la flemme d’allumer leur PC ou d’apprendre à s’en servir. Ou j’accueillais des gens dans un lieu où personne ne se présentait, etc. Franchement, je me sens plus utile à écrire un blog, faire connaître des films, des documentaires, des pièces de théâtre et des livres ! Si on pouvait m’embaucher pour ça !

Avant d’être un film, Libre et assoupiétait d’abord un livre, devenu un peu ma nouvelle Bible. Ecrit par un Lyonnais de naissance (comme moi) de mon âge et dont le personnage me ressemble beaucoup, comme vous pouvez le constater : 

livre,littérature,libre seul et assoupi,romain monnery,pôle emploi,chômage,travailLibre, seul et assoupi de Romain Monnery, édition Le diable Vauvert : 

« J’étais un enfant de la génération précaire et très vite, je compris que viser un emploi dès la sortir de ma scolarité revenait à sauter d’un avion sans parachute. C’était brûler les étapes. Jeune diplômé comme on en trouvait des milliers sur le marché, j’étais de ceux à qui les entreprises disaient « sois stage et tais-toi».  Les années 2000 étaient fièrement installées sur leur piédestal mais l’esclavage semblait toujours prospérer. (...)  Je pouvais toujours prendre un job alimentaire, plier des pulls chez gap ou vendre des big mac, mais bon sang, j’avais fait des études. Je choisis alors de faire un stage en le prenant pour ce qu’il n’était pas : un tremplin vers l’embauche.

« Trois mois s’étaient écoulés depuis mon 1er rendez-vous RMI (RSA désormais). Comme on me l’avait annoncé, je fus convoqué pour un nouvel entretien censé déterminer si, oui ou non, mon contrat méritait d’être renouvelé. C’était la règle du jeu. Retour à la case départ, comme au Monopoly. Alors, qu’avais-je fait durant ce laps de temps ? La question méritait d’être posée.

Selon les brefs calculs que j’avais effectués :

  • j’avais dormi + de 1000 heures (siestes comprises)
  • j’avais vu 72 films (pas que des bons)
  • j’avais passé 500 heures devant la télé (clips, pubs, séries)
  • j’avais lu 34 livres (que des poches)
  • je m’étais demandé 272 fois ce que j’allais faire de ma vie.

En somme, je n’avais pas perdu mon temps. Restait à voir si l’emploi de celui-ci serait du goût de la conseillère censée me recevoir, mais, très vite, je compris que non. En arrivant au rendez-vous, une petite femme à l’air sévère vint à ma rencontre. 

- Alors c’est vous le plaisantin ? (...) Je vais vous lire un extrait de la lettre de motivation que j’ai découverte en ouvrant votre dossier : « je n’ai rien contre l’idée de travailler du moment qu’on ne m’y oblige pas». Vous pouvez me dire ce que ça signifie ? (...) Le problème, c’est que vous avez pris le rmi pour ce qu’il n’est pas : des vacances. » Je protestai comme je pus, arguant du fait que j’avais été à la bibliothèque quasiment tous les jours et que je m’étais cultivé dans l’optique de mon prochain travail (…) « C’est pour votre bien que je dis ça. Vous m’avez l’air de quelqu’un de sympathique, mais il serait temps de grandir. Dans la vie, on ne fait pas ce qu’on veut. Tenez moi par exemple, je voulais devenir danseuse étoile. Mais je ne viens pas au travail en tutu, vous comprenez ? Vous croyez sincèrement que ça m’amuse d’être là ? »

libre seul et assoupi,romain monnery,pôle emploi,chômage,travail« Je regardais dehors et me demandais alors à quoi ressemblerait le film tiré de ma vie. S’agirait-il d’un drame ? D’une comédie ? De science-fiction ? (…) Peut-être faisais-je fausse route. Peut-être qu’une vie n’avait rien à voir avec le cinéma. »

«  L’idée d’un livre me vint alors. (…) Je voulus me convaincre que j’avais trouvé ma raison d’être. Je m’imaginais sur les plateaux télé, parlant de moi, ma vie, mon œuvre et j’anticipais les critiques criant au génie (...) Je rêvais d’un grand livre au goût de madeleine qui se vendrait comme des petits pains mais, en attendant, je ne faisais rien. Comme d’habitude, je préférais penser aux conséquences plutôt que de me consacrer à l’action. Le poil que j’avais dans la main m’empêchait de m’y mettre. Je passais mon temps dans mon lit, l’ordinateur sur les genoux, le regard dans le vague, Internet en toile de fond. Malédiction de la technologie, ma connexion anéantissait tous mes efforts de concentration. Toutes les séries que je pouvais télécharger en un clic me donnaient mal à la tête. J’avais tellement de raisons de ne rien faire ! Je me familiarisais avec l’univers carcéral dans Oz, je m’initiais à la vie de famille aux cotés des Sopranos, je me prenais pour un cow-boy devant Deadwood et je sauvais le monde dans la peau de Jack Bauer. Toutes ces histoires m’empêchaient peut-être d’écrire la mienne mais elles me donnaient l’illusion d’en vivre par procuration. J’aurais pu continuer de la sorte pendant des jours mais j’avais atteint un seuil d’inaction qui remettait en cause mon statut de mammifère. Je ne me levais plus. La forme de mon corps s’était incrustée dans le matelas. J’étais devenu un invertébré, je ne faisais rien, je ne pensais plus. Internet s’en chargeait pour moi. »

Alors, certains jeunes se retrouvent dans ces extraits ? Si vous en voulez d’autres, j’en ai copié encore deux pages…

En faisant des recherches pour cet article, j’ai appris que Romain Monnery a sorti un nouveau livre : Le saut du requin. Je suis pourtant abonnée à sa page facebook depuis son premier roman, mais je ne l’avais pas vu ! Facebook n’affiche plus toutes les actualités. J’ai donc raté les organisations d’interview et rencontres avec l’auteur, quel dommage… mais je m’empresse de lire le nouveau livre et je vous en parlerai… surtout que le personnage principal ressemble à Ignatus, le héros de La conjuration des imbéciles, mon roman préféré. Et que Romain Monnery revendique Philippe Jaenada comme référence.

J’ai lu ici une de ses interview qui conforte nos points communs :

- Que réponds-tu quand on te demande ce que tu fais dans la vie ? (Note de Papillote : mon principal problème dans les soirées) 

« Quand je réponds « je ne fais rien », ça met les gens mal à l’aise. Quand je dis que je suis journaliste, les gens te demandent où et là, tu réponds « nulle part », ça rend aussi les gens mal à l’aise. »

« Je ne me sentirai jamais légitime. C’est une question d’éducation et d’origine sociale. »

« Je suis mal à l’aise avec le côté solennel et sérieux. Du coup, ça me joue des tours à tous les niveaux, car je ne sais jamais comment me positionner par rapport aux gens. Je fais du second degré en permanence et beaucoup de personnes le prennent au premier. »

ça me rappelle quelqu'un... Sur ce, je vous laisse car je n'ai regardé qu'un seul film aujourd'hui (Panic sur Florida beach de Joe Dante) un seul épisode de série (Weeds saison 8) et j'ai encore un bouquin à finir (Demande à la poussière de John Fante) avant d'aller au théâtre (Riviera sur Maurice Chevalier).

 

L'humour, mon arme préférée

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Gaston Lagaffe- au bureau je suis indispensable.jpgJe n'ai pas raconté mes incroyables aventures inexistantes depuis longtemps, surtout celles liées au travail. Forcément, j'étais au chômage. Il est possible que miss Gaston Lagaffe revienne bientôt vous narrer ses formidables histoires, car figurez-vous, j'ai retrouvé un emploi !
J'ai réussi à rester discrète quelques jours, puis ma nature a vite repris le dessus. Grâce à ma maladresse légendaire, quelqu'un s'est déjà fait voler ses affaires sous mon nez et j'ai déjà failli tuer un collègue. Les autres employés ont soudain appris mon existence, puisque depuis, des collègues jusqu'alors inconnus viennent me voir en me disant "C'est toi qui a failli tuer Truc ?" En attendant de trouver le temps de vous raconter cette incroyable aventure (je bosse maintenant !) voici un extrait de livre que je trouve pertinent :

"Toutes ces mésaventures firent que je m’enfermais de plus en plus dans ma chambre et que je me mis à écrire pour de bon. Attaqué par le réel sur tous les fronts, refoulé de toutes parts, me heurtant partout à mes limites, je pris l’habitude de me réfugier dans un monde imaginaire et à y vivre, à travers les personnages que j’inventais, une vie pleine de sens, de justice et de compassion.

Instinctivement, sans influence littéraire apparente, je découvris l’humour, cette façon habile et entièrement satisfaisante de désamorcer le réel au moment où il va vous tomber dessus. L’humour a été pour moi, tout le long du chemin, un fraternel compagnonnage; je lui dois mes seuls instants véritables de triomphe sur l’adversité. Personne n’est jamais parvenu à m’arracher cette arme, et je la retourne d’autant plus volontiers contre moi-même, qu’à travers le « je » et le « moi », c’est à notre condition profonde que j’en ai. L’humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l’homme sur ce qui lui arrive.

Certains de mes « amis », qui en sont totalement dépourvus, s’attristent à me voir, dans mes écrits, dans mes propos, tourner contre moi-même cette arme essentielle ; ils parlent, ces renseignés, de masochisme, de haine de soi-même, ou même, lorsque je mêle à ces jeux libérateurs ceux qui me sont proches, d’exhibitionnisme et de muflerie. Je les plains. La réalité est que « je » n’existe pas, que le « moi » n’est jamais visé, mais seulement franchi, lorsque je tourne contre lui mon arme préférée ; c’est à la situation humaine que je m’en prends, à travers toutes ses incarnations éphémères, c’est à une condition qui nous fut imposée de l’extérieur, à une loi qui nous fut dictée par des forces obscures comme une quelconque loi de Nuremberg.

Dans les rapports humains, ce malentendu fut pour moi une source constante de solitude, car, rien ne vous isole plus que de tendre la main fraternelle de l’humour à ceux qui, à cet égard, sont plus manchots que les pingouins. »

Romain Gary, La promesse de l’aube

Tout cela me rappelle quelqu'un...

P.S : La personne que j'ai soi-disant failli tuer manque cruellement d'humour. (Je ne comprends pas, j'ai trouvé ça très drôle moi...)


Gaston reprend le travail

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gaston gonflé.jpgAprès plus d’un an de chômage, j’ai donc fini par retrouver un boulot. En CDD naturellement. (Pour moi un CDI désigne la bibliothèque du lycée).
La première question qui s’est posée à moi est bien évidemment :
- Quand puis-je poser des congés ?
Mais je ne suis pas inconsciente, pour ne pas me faire repérer comme la Gastonne Lagaffe de service, je n’ai pas posé la question à mon chef dès le premier jour.
J’ai attendu le lendemain. Je sais bien me comporter en société quand même.

Puis j’ai profité qu’un collègue (en CDI depuis 14 ans et n’étant pas parti en vacances depuis 11 mois) en parle : « Pour la Toussaint, j’emmène ma mère se recueillir sur la tombe de mon père dans notre village natal. C’est pas loin, on ira en train…. »
Chacun prend la mine grave de contenance. Je souris malgré moi parce que la gouaille du gars me rappelle Jean Gabin. Je revois l’acteur dans Un singe en hiver, qui prend lui aussi le train chaque année pour visiter la tombe de son père, ses seules vacances (c’est d’un gai).

Moi (sur un ton innocent, voix plus aiguë et joviale) : «  - Ah ben justement, comment on fait si on veut poser des jours de congés ? (C’est juste sa phrase qui m’y fait penser, je ne cogite pas du tout là-dessus depuis que j’ai commencé le boulot, c’est-à dire exactement 7h23, que le temps passe lentement, plus que 1692 heures de travail à subir)
Regard consterné de l’assistance : comment ose-t-elle troubler ce moment grave, de recueillement !

gaston dort.jpgMoi (sentant trop tard que j’ai encore fait une bourde) – « Nan parce que… (Comment rattraper le coup ? Jouer sur l’émotion aussi ?) C’est vrai que c’est la Toussaint quoi…
Soudain intérêt du chef : - Ah bon ? Tu as aussi perdu des proches ?
Je pense : « évidemment ! Non j’ai encore mon arrière arrière grand-père qui était canut, il me racontait encore pas plus tard que la semaine dernière comment il a fracassé son métier à tisser sur la tête de son patron pendant la révolte de 1831, haha, sacré Jojo.»
Gênée, je n’ose pas utiliser cette corde sensible qui pourrait pourtant m’être utile. Je suis pudique moi, et l’humour est mon arme préférée comme je l’ai dit ici.
Je pense encore : « Bien sûr que j’ai perdu des proches ! Mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs, whoh ooh, ce serait le bonheur… » Non, on va attendre de mieux connaître les collègues avant d’utiliser l’humour noir  (j’essaierai demain).

La vérité est que je ne sais même plus où sont les tombes, il y en a tellement. Puis les cimetières sont tellement grands, les stèles se ressemblent toutes. Peuvent pas en faire une rose fluo, suivie d’une jaune poussin, et les nôtres avec des enseignes clignotantes « vous êtes ici » (enfin, plutôt « ils sont ici », pas envie de les rejoindre six pieds sous terre). Ca permettrait de se repérer. Puis les couleurs, comme les immeubles de Notting Hill ou de Camdem Town, c’est quand même plus gai. (Ou sinon, on peut customiser les tombes ?)
Peuvent pas aussi tous se faire enterrer dans le même caveau, plutôt que « je veux être enterré là où je suis né » « là où j’ai vécu » « avec ma femme, l’amour de ma vie » (moi je veux être enterrée avec mon chat de ma photo de profil, dans le jardin sous le rhododendron). Nan, côté paternel, maternel, belle-doche, vlan, tous dans le même panier, c’est quand même plus pratique. Mais non.

gaston pas content.jpgDonc à la question, je réponds simplement, sans mentir :
- C’est juste que je rentre voir ma famille à chaque vacance scolaire.
Apparemment ce n’est pas une raison suffisante pour me donner des jours de congés. Le chef s’esclaffe :
« Les congés, tu peux rêver, t’en auras pas pendant un an, toute ta durée de travail. T’es vacataire, t’es là pour bosser quand les autres ne veulent pas le faire.
Moi : - mais j’en ai à Noël quand même ?! Les autres entreprises où j’ai bossé fermaient automatiquement  pendant une semaine voire 15 jours à cette période.
Il rigole de plus belle : - Ouais ! T’auras ton 25 décembre quoi ! Mais tu pointeras dès le 26.
Je ne peux plus retenir mes réflexions : « - Nan mais noël quoi ! Et le 24 surtout, c’est mon anniversaire ! C’est sacré ! »
Jamais, jamais, une papillote ne travaillera le jour de son anniversaire ! Ce serait renier toute son essence ! Puis faut que je décore le sapin, que j’emballe les cadeaux, que je mange ma bûche, que je fasse de la luge, j’ai du vrai boulot à faire moi !

J’ai donc pris le jour même mes billets de train pour noël. 6 jours.
Et pour la Toussaint aussi.
Je ne l’ai encore pas annoncé au chef. J’attends un peu (par exemple, la fin de ma période d’essai…)

gaston vacances.jpgLe travail, c'est la santé
Rien faire, c'est la conserver
Les prisonnier du boulot
Ne font pas de vieux os

Ils bossent 11 mois pour les vacances
Mais sont crevés quand elles commencent
Un mois plus tard ils sont costauds
Mais faut reprendre le boulot

Quiz On connaît la chanson, deux chansons à retrouver dans le texte. Qui en sont les auteurs ?

 

Gaston fête Halloween au travail

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gaston deguisement.jpgAutour de la machine à café, des collègues moroses racontent leurs déboires avec des clients difficiles.
Moi : - "Pour Halloween, je peux venir déguiser, ça mettra l’ambiance !"
On rigole, mais le chef nous interrompt, solennel :
- "Papillote, nous on apprécie ton humour (ben normal ! Puis pour une fois que ça m’arrive au boulot. Euh… c’est ironique ?) mais pas sûr que les clients soient pareils…"

Voilà, je suis muselée, censurée ! C’est pour ça que je vous le dis, même si j’y risque ma vie !
Une grande carrière de comique tuée dans l’œuf !!

Je retente le coup pour noël.

Petit quiz On connaît la chanson

Le Karambolage de l'estomac sur pattes

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travail, comment supporter les collègues de bureau, je mange donc je suis, mon goûter, c'est sacré, papillotes en chocolat de noëlUne collègue Argentine est installée en France depuis quelque temps. Elle aime comme moi chercher les ressemblances et différences entre nos deux cultures, un peu comme l’excellente émission Karambolage le fait entre les Français et les Allemands.

Alors que je suis en train de manger ma banane et mon carré de chocolat pour le goûter (je ne peux malheureusement pas transporter mon cacao chéri et mes tartines au boulot, ça ferait désordre) elle s’exclame, avec son délicieux accent chantant :
« J’ai remarqué une chose chez vous les Français. Quand vous êtes petits, vous prenez un goûter à 4 heures. Mais vous ne perdez pas l’habitude quand vous êtes grands, c’est marrant »
Moi, croquant mon carré de chocolat : - Oui ! Les Français sont réputés pour leur goût de la bonne chère. Il est logique de prendre un goûter, scronch scronch, on mange à l’aube vers 8 heures le matin avant d’aller bosser. On déjeune à midi. Pourquoi devrait-on ne remanger qu’à 8 heures le soir ? On prend donc un goûter, comme ça on mange toutes les 4 heures, c’est équilibré, scronch scronch.

Autre collègue, yeux ronds : - Ben non, je ne prends pas de goûter moi…
Autre collègue : - Moi non plus…
Autre collègue, sur un ton blasé : - Nan mais laisse tomber, si tu veux étudier les Français, ne prend pas Papillote comme exemple ! Elle n’est pas un modèle de Français moyen. Les gens « normaux » arrêtent de prendre leur goûter quand ils deviennent grands.
Moi : - M’enfin ?! (scronch ?)

travail, comment supporter les collègues de bureau, je mange donc je suis, mon goûter, c'est sacré, papillotes en chocolat de noëlJe suis pourtant un exemple de maturité, un modèle à suivre ! Pour parodier Coluche, "le Français, je le suis très mieux que vous et je vous merde !"
Moi : - C’est très bien de prendre un repas toutes les 4 heures, en prenant un goûter, ça évite de trop manger le soir (et de stocker les graisses la nuit, tu devrais en prendre de la graine, toi Moby Dick qui es en surpoids)

Moby Dick : - Pourtant avec tout ce que tu manges à la cantine, c’est dingue que tu aies encore faim à 4 heures !
Je précise que je prends les plats classiques plus équilibrés et meilleurs je trouve, légumes viande ou poisson, alors que Moby Dick choisit systématiquement les frites et pizzas industrielles…

Je me suis donc déjà fait repérer comme l’estomac sur pattes.
Moby Dick, devant le regard réprobateur de l’ensemble des collègues, dit d’une voix triste : - Enfin, tu peux te permettre de manger autant…"
C’était donc ça, de la pure jalousie de baleine devant un corps de sirène
C’est bientôt l’heure des papillotes en chocolat de noël, que j’ai toujours en poche (cette année, ma dernière papillote a tenu jusqu’à Pâques). Devinez qui n’en aura pas…

Je vous laisse, c’est l’heure du repas.

 

 

Lagaffe au boulot : laissez-moi danser chanter en liberté

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gaston danse.jpgSuite du billet d’hier
Mon collègue me demande donc : « tu peux me faire découvrir des chansons françaises que tu aimes bien ?
- HERVE VILARD !!!
- Qui ?
- Non je rigole… Mais t’en connais quand même quelques-unes, tu aimes quoi ?
- Tu vas te moquer…
- Me moquer, moi, jamais ! Puis vu mon niveau…
- J’aime bien… attends je vais te faire écouter. » Et il embarque son ordi portable et m’entraîne vers la machine à café. (Ça ne faisait que 20 minutes qu’on l’avait quittée). « J’aime bien Alizée…
- Ah oui quand même… Je chante : « moi je m’appelle Lolita
Il me fait écouter le dernier album et là je comprends mieux ce qu’ont dû subir mes collègues avec Demis Roussos.
- T’as pas des chansons de ton pays plutôt ? (il est Américain)
- Si, ça, tu connais ? Et il me met Stayin’ alive !
Un peu que je connais les Bee Gees ! Je vous rappelle que j’ai tout de même dansé sur cette chanson au boulot le jour de la mort de Robin Gibbs. (voir article en lien). Je lui refais donc ma petite chorégraphie.
- Waouh, tu la connais par cœur !

gaston fantasio pas content.jpgEncouragée, je danse toute la choré.
Et au moment du dernier couplet, lorsque je mime la souffrance, une main contre le cœur et l'autre sur le front : « life going nowhere, somebody help me… » Je me tourne vers la porte. Et là je vois la big boss du service, super revêche, qui me regarde la bouche ouverte et les yeux écarquillés, l’air à la fois éberlué et irrité.
Somebody help me yeah…
Mon collègue replie immédiatement son ordinateur portable comme un gamin pris en faute, se lève précipitamment et retourne à son bureau.
Alors que moi je continue à faire semblant de rien… Ben quoi, c’est tout à fait normal…
Super revêche s’adresse à lui en m’ignorant totalement : - « Comme je vous le disais il y a dix minutes, j’attends les ouvrages demandés… »
Je continue à boire mon café…
Il lui donne les bouquins et Revêche se casse.

gaston indispensable.jpgEn même temps, on subissait une panne du logiciel informatique, et je ne pouvais rien faire depuis des heures. Je bossais justement en apportant exceptionnellement des dossiers manuellement à mon collègue, alors que les autres dans mon cas ne se déplaçaient pas… (ma chef m’avait d’ailleurs félicitée, mais je trouvais ça normal non ?) Puis la panne m’a servi à éclairer mon collègue de ma grande culture musicale. Et mon don exceptionnel pour la danse.

Pour lui faire oublier Revêche, une fois le chat parti, les souris dansent, je rallume son ordi :
- Tiens, tu ne voulais pas découvrir la chanson française ? Voilà :
« Moi, je vis, d’amour et de danse
Je vis, comme si j’étais en vacances
Laissez-moi danser, chanter en liberté !

Collègue : - Tu ferais sensation dans une boîte gay !
- M’enfin ?! Ça veut dire quoi, je danse comme un mec ?
- Non pas du tout, tu danses super bien, la prochaine fois je t’emmène en boîte gay parce qu’on adore danser sur Dalida ! (il est gay)
- oh mais je connais ! J’étais au Queen il y a un mois. Enfin j’y suis allée une seule fois, c’était pour le lancement du film Eden, mais il n’y avait pas que des acteurs, il y avait aussi des gays. A part cette sortie, mémé n’avait pas mis les pieds en boîte depuis 2001…
- J’insiste, je t’invite ! »

Le ridicule ne tue pas, sinon je serais morte depuis longtemps et je mourrais dix fois par jour…

A suivre, peut-être…

Baby-sitting, 6 ans après

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Chucky poupée-de-sang.jpg

Souvenez-vous… C’était ma troisième note sur le blog, le 28 novembre 2008. Ma première garde d'enfants dans une famille :

"Samedi soir, je bosse. Enfin, mon boulot consiste à jouer à « croque carottes » avec des gosses de 4 et 7 ans. Éreintant.
La mère me dit : « Les enfants doivent être couchés à 21h30 au plus tard ». L'heure fatidique approchant, les petits refusent d’abandonner la partie de « stop ouistiti ». Je n’insiste pas trop : comme ça je m’occupe des mômes. Je ne suis pas grassement payée juste pour lire pendant qu’ils dorment. Et c’est samedi. Et puis les parents ne le sauront pas… Je cogite : "21h30, ils devraient être couchés…" Ils vont aux toilettes, se lavent les dents. Le fils se dirige vers son lit, la fille repose son tube de dentifrice… C’est bon, tout s’est bien passé. Il est 21h35. C’est pas pour cinq minutes… Allez vite, au dodo.

Et là, innocente, la petite dit : « c’est quoi ça ? Sur le savon ? Du sang ? »
Je regarde brièvement, entraînant déjà la fillette vers sa chambre : « Je sais pas… Sûrement du rouge à lèvres. » Tout en me disant qu’effectivement, ça ressemble à du sang, mais bon, on va pas chipoter, j’ai des enfants à coucher, et il est déjà 21h36 ! »
Soudain, la petite hurle. « DU SANG ! DU SANG !! DU SANG PARTOUT !!!»
En effet, j’en vois sur son pyjama, sur l’évier, par terre…
La gamine devient hystérique : « J’SUIS COUPEE ! J’SUIS COUPEE DU DOIGT!! 
Et elle part en courant à travers la maison en semant des gouttes sur le sol.
Zen comme d’habitude, j’imagine juste que son doigt pendouille et que son frère l’a empalé en scandant « redrum ! redrum ! », que le sang va couler à flots, comme dans Shining.
Dans la réalité, la fille s’est simplement coupée avec... le bord du tube de dentifrice. Vous me direz, faut le faire. Spécialiste des bobos partout, j’ai déjà réussi cet exploit.

shining -sang-.jpgJe cherche un désinfectant, des pansements… rien. Je pense : « C’est impossible ! Sa mère est  docteur ! Y en a forcément sous ton nez ! » La gamine hurle de plus belle, son frère est à deux doigts de faire une syncope. On entend le moindre bruit dans ces vieux immeubles haussmanniens mal insonorisés, et je prévois les flics qui sonnent à la porte : "c'est ici le gamin qu'on étripe ?" Dix minutes plus tard, je me résous à appeler la mère. Comme elle est au milieu d’une fête, elle n’entend pas son portable. Je m’efforce de laisser un message calme. Je force un peu la dose. Je chantonne d’une voix guillerette : « C’est juste pour savoir où sont les pansements, parce que la petite s’est un petit peu coupée » comme si je disais « C’est juste pour dire que c’est trop kikou lol avec les enfants ! Big bisous baveux ! Youpi ! »

Finalement je fais un bandage avec les moyens du bord : un mouchoir en papier. La petite se calme d’un coup. Elle enchaîne comme si rien ne s’était passé : « ze veux que tu me lises l’histoire avec la princesse ». Je m’exécute (pan !) tout en regardant discrètement la blessure. Oui, j’imagine encore que la coupure va se rouvrir et que la fillette va se vider de son sang dans la nuit…

Puis je remonte la piste de sang que la petite Poucette a laissée par terre. Je nettoie les gouttes sur le sol, l’évier, le mur. Comme une meurtrière qui fait disparaître la scène de crime. J’imagine les parents qui rentrent et voient le tableau : moi à quatre pattes par terre, en train de nettoyer le sang avec mon éponge, le t shirt taché de rouge, et leur disant avec un grand sourire niais : « tout s’est bien passé ! Non, j’ai tué personne ! » (cliquez sur l'excellentissime pub "il ne faut pas se fier aux apparences")

Quand les parents reviennent, ils sont un peu inquiets : « ça a beaucoup saigné ? » Pour ne pas les alarmer, je réponds  « non, pas du tout ». Comme il reste encore des preuves sur le tapis, j’avoue que « si, un peu». Heureusement la mère est cool : « Le doigt ça saigne beaucoup… j’ai rien chez moi pour soigner...pour un docteur...les cordonniers sont les plus mal chaussés… »

Soulagée qu’elle le prenne si bien, prise dans mon élan d’honnêteté, je me lâche. Je laisse éclater au grand jour mes talents scénaristiques et mon goût pour les films d’horreur. En fait, pour minimiser l’incident, je donne des détails avec l’humour et la légèreté qui me caractérisent (c’est ironique). La mère rigole, mais le père se sent mal : « Ah ! Non ! Raconte pas ! Je déteste le sang ! » Forcément, un parent ne ressent pas la situation de la même manière. Pour lui son enfant chérie avait échappé à la mort… Il n’aime pas le cinéma gore quoi.
Bref, pour une première garde dans cette famille que je ne connaissais pas, ça commence fort. Et bien sûr, les enfants qui devaient impérativement se coucher à 21h30, étaient au lit à 22 heures."

Plus de six ans après, je garde toujours ces enfants. A maintenant 10 et 13 ans, ils ont un tantinet changé...

Suite demain

 

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